Les fondements de l’intervention au profit des personnes qui ont des incapacités intellectuelles sont constitués de lois, de politiques ainsi que de savoirs tirés de différentes disciplines (orthopédagogie, psychologie, ergonomie, orthophonie, psychopédagogie, etc.).
Sur la base de ces fondements, ils est possible d’identifier huit balises qui servent de guide à l’intervention et plus particulièrement au choix des objectifs à poursuivre.
Comme en navigation, ces balises indiquent la route à suivre ou signalent les dangers à éviter.
8 balises pour guider le choix des objectifs
Le droit à des adaptations
Les chartes interdisent la discrimination basée non seulement sur le handicap, mais aussi sur les moyens pour le pallier.
Par conséquent, offrir des adaptations à un élève qui a des incapacités intellectuelles ne relève pas du privilège.
C’est un droit!
Pour en savoir plus:
L’âge chronologique
La procédure d’identification des buts et objectifs pour un élèves qui a des incapacités intellectuelles doit tenir compte de âge chronologique, puis chaque habiletés essentielles doit être maitrisées à l’âge approprié pour que la finalité d’autonomie sont atteinte avant qu’il ne quitte l’école.
Pour en savoir plus : Pour des résultats comme les autres
Les dimensions non cognitives
Lors du choix des buts et objectifs, il est important d’avoir le souci de préserver l’estime de soi de ces élèves en plus de favoriser leur motivation et leur autorégulation dans le cadre de tâches cognitives.
Il est aussi important de prévenir des troubles du comportement (ex. Introduire une surprise ou apporter un changement dans l’horaire de la journée pour contrer les troubles obsessifs compulsifs dus à une routine immuable).
Pour en savoir plus : Les caractéristiques non cognitives dans l’article suivant: Dionne, C., Langevin, J., Paour, J.-L. et Rocque, S. (1999). Le retard du développement intellectuel. Dans E. Habimana, L. S. Éthier, D. Petot et M. Tousignant (dir.), Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. Approche intégrative (p. 317-347). Montréal, Canada : Gaëtan Morin
Les habiletés à la vie communautaire
La taxonomie des habiletés à la vie communautaire proposé par Dever (1997) constitue un excellent guide pour identifier les habiletés à développer en priorité avant l’âge adulte.
5 grands domaines de la vie communautaire :
- Vie résidentielle et communautaire
- Vie professionnelle
- Déplacements
- Loisirs
- Soins personnels et développement
Pour en savoir plus : Dever, R. B. (1997). Habiletés à la vie communautaire: une taxonomie. Cap Rouge : Presses Inter Universitaires.
Les études du comportement adaptatif
Il est pertinent de se référer aux études du comportement adaptatif qui indiquent que les habiletés de communication, d’utilisation des nombres, de gestion de temps, de gestion de l’argent et d’orientation/déplacement participent le plus au succès de la participation sociale.
Pour en savoir plus : Leland, H. et Shoaee, M. (1981). Adaptative Behavior Children’s Scale Developpement. Ohio: Ohio State University
L’analyse ergonomique
Des principes d’ergonomie peuvent aider à formuler les buts et objectifs, notamment quant à la distinction entre une tâche et sa réalisation.
Il vaut mieux que la formulation des buts et objectifs ne présuppose pas la façon dont l’élève exprimera son autonomie.
Comparez :
- L’élève saura faire une boucle à ses lacets de soulier.
- L’élève saura mettre ses souliers.
La première formulation impose un type de soulier et une façon particulière de mettre ses souliers, alors que la deuxième laisse la possibilité de choisir des souliers faciles à mettre ou d’avoir recours à des facilitateurs).
Pour en savoir plus :
- Identification et réduction des obstacles à l’apprentissage
- Langevin, J. (1996). Ergonomie et éducation des personnes qui ont des incapacités intellectuelles. Revue francophone de la déficience intellectuelle, 7(2), 135-150.
Le compromis optimal
Toujours garder en tête le concept de compromis optimal afin de transformer un objectif idéal, mais inatteignable en objectif accessible et préférable à l’échec.
Un compromis optimal est une solution qui, selon l’état des connaissances et compte tenu du degré d’incapacités intellectuelles de la personne tout comme des capacités de soutien du milieu, présente pour un temps le meilleur potentiel au regard des finalités, buts et objectifs visés.
Les habiletés cognitives essentielles à l'autonomie
25 habiletés cognitives essentielles à développer pour accroître l’autonomie fonctionnelle et pour favoriser la participation sociale des personnes qui ont des incapacités intellectuelles ont identifiées par les recherches de El Shourbagi et Langevin (2005).
Cette liste sert de guide important au choix des objectifs :
- Lire les mots courants
- Écrire les mots courants
- Lire et utiliser les chiffres
- Lire et utiliser les nombres inférieurs à 100
- Lire l’heure
- Suivre un horaire quotidien
- Suivre un calendrier
- Payer à la caisse
- Lire des phrases (simples)
- Écrire des phrases (simples)
- Suivre un agenda
- Payer des factures
- Planifier les revenus et les dépenses
- Savoir s’orienter (le sens de la direction)
- Lire des documents
- Lire des textes en prose (lire des nouvelles)
- Comprendre les symboles ($, +, off, on)
- Mesurer les quantités d’une recette
- Faire fonctionner les appareils
- Lire et utiliser les nombres supérieurs à 100
- Écrire les chiffres
- Mesurer (estimer) le temps
- Utiliser un livret de banque
- Reconnaître les pièces et les billets
- Connaître les graphèmes et les phonèmes
[Consultez le curriculum de formation]
Pour en savoir plus :
- El Shourbagi, S. (2007). Étude des besoins des habiletés alphabètes des personnes qui ont des incapacités intellectuelles (Thèse de doctorat). Université de Montréal. Repéré à
- El Shourbagi, S. et Langevin, J. (2005). Identification d’habiletés alphabètes nécessaires à l’autonomie. Revue francophone de la déficience intellectuelle, 16, 5-22.
- Langevin, J., Rocque, S., Ngongang, I. et Chalghoumi, H. (2012). Balises et processus d’adaptation au regard de limitations cognitives. Dans J. Viens, J. Langevin, M. Saint-Pierre et S. Rocque (dir.), Pour des technologies accessibles aux élèves hadicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation (p. 193-219. Montréal: Éditions Nouvelles.